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Un portrait dessiné à la main de la tête et les épaules de Kristen Wilson aux longs cheveux lisses.

Kristen Wilson,
scientifique en algues

Kristen Wilson est une scientifique de recherche en début de carrière à l’Université Dalhousie à Halifax, en Nouvelle-Écosse et avec Pêches et Océans Canada. Elle étudie les forêts d’algues et de zostères qui se trouvent le long de nos côtes. Ses projets de recherche sont axés sur le recensement des algues et des zostères qui sont cartographiées à l’aide de satellites. Ce procédé aide à gérer les algues et à comprendre leurs habitats en plus de déterminer comment les changements environnementaux tels que les changements climatiques peuvent les affecter.

Plongez plus profondément

Entrevue des carrières en sciences marines

Quelles tâches faites-vous?

En tant que scientifique de recherche qui se spécialise en écologie marine, j’étudie les interactions entre les espèces marines et leurs rapports avec leur environnement. Je me concentre surtout sur l’interaction avec l’environnement, y compris les impacts des changements climatiques sur les espèces marines.

Certains organismes marins vous intéressent-ils particulièrement?

Je m’intéresse à la végétation qui pousse dans les habitats côtiers, comme les algues! Les algues (quelques fois appelées macroalgues) ne sont pas des plantes, car elles n’ont pas la même structure. En fait, le nom ‘algues’ se réfère à trois groupes d’algues très différentes : les brunes, les rouges et les vertes. Au lieu des racines, elles ont des crampons pour s’attacher aux roches dans le fond de l’océan, et au lieu d’une tige et des feuilles, les algues ont des frondes qui absorbent les éléments nutritifs de l’eau environnante pour survivre.

Où travaillez-vous?

Comme scientifique en début de carrière, mes tâches changent souvent. En ce moment, je travaille comme biologiste de sciences aquatiques avec Pêches et Océans Canada. J’utilise des satellites pour créer des cartes de répartition de la végétation (comme les algues) dans les habitats côtiers. Je travaille aussi avec le Ocean Frontier Institute à l’Université Dalhousie. Nous essayons de comprendre comment les changements climatiques peuvent influencer la répartition des espèces marines dans l’Océan l’Atlantique du Canada.

Pourquoi les algues sont-elles importantes?

J’aime décrire les algues comme étant les arbres de l’océan. Les “forêts” d’algues fournissent des habitats de 3 dimensions qui sont importants pour les poissons et les invertébrés des eaux le long des côtes. Les algues sont également importantes dans le cycle des éléments nutritifs, et pour l’emmagasinage du carbone et de l’azote à long terme. Elles ont aussi une importance commerciale, car les algues servent comme engrais, alimentation animale et elles sont dans une grande variété d’aliments comme le lait au chocolat!

Photo sous-marine d’une épaisse forêt d’ascophylles.

Sous l’eau, les algues comme cette ascophylle forment des forêts denses qui offrent des habitats importants pour les poissons et les invertébrés. (Photo: Claire Goodwin)

Quels impacts le changement climatique pourrait-il avoir sur les algues?

Au Canada, dans les provinces atlantiques, la plupart de nos espèces d’algues ont évolué pour croitre dans les eaux froides, ce qui les rend vulnérables aux températures plus chaudes de l’eau de mer causées par le changement climatique. On s’attend à ce que les algues subissent des effets négatifs puisque les températures continuent d’augmenter. Il est probable qu’elles ne pousseront pas aussi grandes et qu’elles auront un taux de mortalité plus élevé. Elles devront donc faire concurrence aux espèces des eaux plus chaudes qui migrent dans notre région.

Devrions-nous nous inquiéter?

Ces effets ont déjà entrainé une diminution du volume d’algues en Nouvelle-Écosse et d’autres régions du monde. Plusieurs algues changent leur aire de répartition vers les pôles, parce que les températures de l’eau de mer augmentent. Mon travail démontre que nous pouvons nous attendre à voir ces déplacements vers les pôles ici dans la région atlantique du Canada, et ce, au cours du siècle actuel. Ainsi, plusieurs espèces importantes d’algues vont perdre des grandes étendues de leur aire d’habitat. C’est inquiétant, car il y aura moins d’habitats disponibles pour les poissons et les invertébrés. Nous risquons également de perdre ces animaux, à moins que des espèces d’algues bien adaptées aux eaux chaudes se déplacent ici et fournissent des habitats similaires.

Trois cartes montrent la répartition potentielle de l’ascophylle qui se déplace vers le nord parce que les températures de l’eau de mer se réchauffent.

Comment la répartition de l’ascophylle (Ascophyllum nodosum) pourrait changer d’ici la fin du 21e siècle selon différents scénarios de changements climatiques. (Photo: Kristen Wilson, une reproduction de Wilson et al. (2018).)

À quoi ressemble votre journée typique?

Comme écologiste marine, je passe la plupart du temps à analyser des données et à écrire des rapports sur le résultat de mes recherches. Une journée typique peut inclure la lecture d’un journal scientifique pour me tenir au courant des autres projets de recherche et de leurs conclusions, la programmation du code informatique pour analyser les données, ou la rédaction d’un rapport scientifique. La dernière tâche peut sembler surprenante, mais les scientifiques passent beaucoup de temps à partager leurs conclusions avec d’autres scientifiques. Le temps passé au laboratoire et sur le terrain ne fait pas partie de ma journée typique, à moins que je sois en train de faire une expérience en laboratoire ou de compléter un projet de travail sur le terrain.

Quelle partie de votre travail est la plus agréable?

Travailler sur des projets de recherche sur le changement climatique peut être démoralisant, car je suis profondément consciente des conséquences négatives du changement climatique sur les océans de notre planète. J’aime tout de même savoir que mon travail nous aide à mieux comprendre les impacts du changement climatique sur les algues. Cela signifie que nous serons mieux informés sur les moyens de protéger ces espèces à l’avenir. Par exemple, mes travaux montrent que si nous réduisons de beaucoup les émissions mondiales de carbone et que nous limitons les hausses de températures, l’impact du changement climatique sur les algues sera minimal. Ce sont de bonnes nouvelles qui nous montrent la bonne direction à suivre pour protéger les algues et les habitats critiques qu’elles offrent à notre monde en réchauffement.

Quelle compétence est importante pour votre travail?

Le fait d’avoir terminé ma maitrise en sciences biologiques m’a accordé une compétence très importante. Les diplômes d’études supérieures sont essentiels pour travailler en sciences, car on apprend comment faire des plans de travail pour la recherche. Vous commencez par poser une question à propos de n’importe quel sujet. Pour moi, c’était “Comment le changement climatique va-t-il influencer la répartition des algues dans le nord-ouest de l’océan Atlantique?” Vous faites donc beaucoup de recherches intensives en fouillant les autres rapports scientifiques pour comprendre quel genre de travail doit être fait sur le sujet. À partir de ces recherches, vous voyez quels outils les autres scientifiques utilisent pour obtenir des statistiques et pour analyser les résultats, ainsi que les créneaux de ces recherches. Les compétences que vous développez peuvent ensuite servir à n’importe quel projet de travail que vous obtiendrez plus tard.

Maintenant que vous avez obtenu votre maitrise, qu’est-ce que vous souhaitez faire à l’avenir?

À l’avenir, j’espère utiliser mes connaissances en écologie marine pour contribuer à la conservation des océans, par exemple, en aidant à réduire l’impact des changements climatiques ou des autres activités humaines sur les espèces marines dans les habitats le long des côtes, ou en aidant à établir des zones protégées. D’autres travaux de recherche en études supérieures sont aussi possibles pour moi, mais en ce moment, je planifie de continuer à étoffer mon curriculum vitae et à accumuler autant d’expériences différentes que possible.

Qu’est-ce qui vous a inspirée à travailler en biologie marine?

Lorsque j’étais enfant, j’étais toujours fascinée par le monde naturel qui m’entourait. Un jour, mes parents m’ont acheté un livre sur les dauphins, et malgré que je vivais à l’intérieur des terres, ce livre m’a fait tomber amoureuse des océans. Puis, cette obsession a grandi jusqu’à ce que je découvre que je pouvais faire des études universitaires en biologie marine et faire carrière en conservation des océans.

Avez-vous des conseils pour ceux et celles qui voudraient travailler dans ce domaine?

Je vous encourage énormément de vous inscrire dans un programme coop universitaire qui offre des options de travail. C’est une bonne introduction aux différents scénarios de travail réel pour vous aider à décider ce que vous aimeriez faire comme travail. Avec ce diplôme, essayez de garder un choix aussi varié que possible d’emplois et de cours. J’ai d’abord choisi la biologie marine pour étudier les dauphins, mais pendant mes études, j’ai découvert une passion pour les algues, simplement parce que je m’étais inscrite dans un cours sur la diversité des algues.