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Un portrait  dessiné à la main de la tête et les épaules de Crystal Hiltz aux cheveux courts frisés et portant des lunettes.

Crystal Hiltz,
technicienne en taxonomie

Crystal Hiltz est technicienne en taxonomie au Centre des Sciences de la Mer Huntsman à St Andrews, au Nouveau-Brunswick. En utilisant des caractéristiques physiques, elle identifie des animaux et des plantes marins. Ce travail est important pour mieux comprendre la diversité de la vie dans nos océans et les impacts des activités humaines et naturelles.

Plongez plus profondément

Entrevue des carrières en sciences marines

Qu’elles-sont vos tâches?

Je suis taxonomiste dans le secteur de taxonomie et biodiversité du laboratoire de recherche Huntsman dont la priorité est la biodiversité et nous sommes intéressés à toutes les espèces qui forment les différentes communautés marines et nous étudions comment elles évoluent selon la distance, le temps et les conditions environnementales. La majeure partie de mon travail est d’identifier les espèces dans les échantillons, qui sont souvent des pelletées de vase du fond de l’océan. J’examine les minuscules animaux qui vivent dans ces sédiments.

Vous travaillez sur quels projets?

Nous recevons des échantillons de partout dans le monde, même de l’Arctique et de l’Antarctique, et de la baie juste au-delà de nos fenêtres. Certains échantillons nous proviennent d’établissements qui n’ont peut-être pas de compétences en taxonomie pour les identifier. Nous faisons aussi nos propres cueillettes pour répondre aux questions qu’on se pose sur la biodiversité. Une partie de notre mission est de maintenir et de développer la collection de notre musée d’histoire naturelle où nous gardons le plus grand nombre possible d’espèces de l’Atlantique du nord canadien.

Pourquoi est-il important d’identifier les choses?

L’idée importante derrière notre travail en biodiversité est d’identifier les choses pour mieux savoir ce qui existe dans une région. En prenant des échantillons sur la même région au cours de plusieurs mois ou d’années, nous pouvons suivre les changements possibles qui se produisent sur les genres d’espèces existantes. Cela nous donne une bonne idée de la façon que les communautés évoluent au fil du temps. De plus, on obtient certains indices pour expliquer pourquoi ces changements se produisent. Par exemple, la température des océans augmente et les données de nos travaux d’identifications peuvent montrer si des espèces migrent possiblement vers de nouveaux territoires, en raison des hausses de la température. D’un plus grand point de vue, identifier les choses est important pour nous aider à comprendre notre monde naturel. Les êtres humains ont tendance à vouloir catégoriser chaque chose : on la trouve chose, on la nomme et on comprend ainsi sa place dans le monde global. Il serait impossible de faire cela sans la science de la taxonomie.

Photo d’une taxonomiste assise au microscope dans un laboratoire

Identifier les animaux minuscules marins nécessite beaucoup de travail de précision au microscope (Photo: Claire Goodwin)

Comment faites-vous pour identifier quelque chose?

Nous identifions une chose en commençant par regarder les grandes lignes, pour ensuite progresser de plus en plus vers les détails. En premier, j’observe un spécimen et je note son aspect général : par exemple, sa forme ou combien de pattes il possède (s’il en a). J’utilise ces informations pour le placer dans le bon groupe d’embranchement (phylum) et ensuite, pour choisir la bonne référence afin de l’identifier.

Quelles sont les ressources qui vous aident?

Au centre Huntsman, nous avons accès à une bonne collection de livres et d’articles que nous utilisons, et qui couvrent tous les différents groupes d’animaux et de plantes. Ces livres de référence possèdent souvent des photos et des clés dichotomiques qui représentent une série de choix menant la recherche à la bonne identification, basée sur les caractéristiques du spécimen. Chaque étape de la clé sert à éliminer des options, et cela me mène vers l’identification finale, ou au nom de l’espèce. Il arrive parfois que ce n’est pas très évident, et je dois donc fouiller d’autres textes qui contiennent d’anciennes descriptions ou des nouvelles révisions de groupes. Il nous arrive parfois de trouver une espèce toute nouvelle à la science, ce qui est très motivant, mais nous ne pouvons en être certains que si toutes les autres options sont d’abord éliminées.

À quoi ressemble une journée typique?

La plupart des choses reliées à mon travail sont très petites, alors je passe la plupart de mes journées devant le microscope, à identifier les espèces marines. Je spécialise dans les invertébrés benthiques qui proviennent d’échantillons de vase ramassés au fond de l’océan. Les journées les plus amusantes sont celles lorsque je vais moi-même cueillir des échantillons, car je passe du temps en mer avec les mains dans la vase. Ce sont aussi les journées les plus dures, car les heures sont longues et il faut souvent lever des lourdes charges. De plus, nous sommes en mer dans presque toutes les conditions météorologiques. J’assiste parfois aux conférences ou ateliers de sciences marines, ce qui me donne l’occasion de discuter de mes recherches avec d’autres scientifiques. Nous organisons aussi des événements publics, où je peux partager ma passion des sciences avec des gens qui parfois connaissent peu le domaine.

Crystal tenant un oursin de mer au-dessus d’un bassin d’exploration de l’aquarium

Crystal aime bien partager sa passion de la vie marine lors des événements publics du centre Huntsman. (Photo: Frauke Nijhof)

Quelle partie de votre travail est le plus agréable?

J’aime bien le défi du genre casse-tête. Quand je trouve une chose que je n’ai jamais vue auparavant et que je fouille dans une ou plusieurs clés, étape par étape pour le trouver, c’est très satisfaisant. Certaines espèces sont si rares qu’il est très difficile d’en trouver des descriptions. À ces moments-là, je me sens comme une détective qui suit des indices et des références jusqu’à ce que je trouve la réponse. J’aime aussi être capable de nommer les choses. Lors de mon travail, il m’arrive de voir des créatures si petites que la plupart des gens ignorent leur existence. J’aime bien découvrir ce petit monde caché.

Quelle compétence est importante pour votre travail? / Comment avez-vous obtenu ce poste?

Je suis titulaire d’un baccalauréat en biologie et ces études en sciences de la vie sont très importantes. Tout ce que je fais de jour en jour touche à cette science. Malheureusement, on ne peut pas aller à l’école pour devenir taxonomiste. On l’apprend plutôt au travail ou en faisant des stages. La personnalité d’un individu est probablement l’aspect le plus utile pour ce poste. Tout le monde n’aime pas se concentrer sur des petits détails toute la journée et c’est normal, mais dans mon genre de travail, c’est nécessaire. J’ai passé du temps à l’université, et ensuite à travailler sur des diatomées qui sont des algues unicellulaires. Cette expérience m’a prouvé et elle a prouvé aux gens du centre Huntsman aussi, que je pouvais être attentive aux détails, un facteur essentiel pour travailler dans notre laboratoire.

Avez-vous des conseils pour ceux et celles qui voudraient travailler dans ce domaine?

Une bonne façon de commencer est d’obtenir un baccalauréat en biologie ou dans une discipline liée à cette science, mais toute les tâches que vous pouvez faire pour obtenir plus d’expérience sont toutes aussi importantes. En travaillant dans un laboratoire d’un professeur universitaire ou en travaillant au baccalauréat spécialisé ou un projet de thèse indépendant, tout cela vous aide à trouver vos centres d’intérêts et vos compétences. Vous pouvez ainsi suivre votre propre voie dans les sciences marines. Ne dites jamais non à une occasion d’apprendre plus ou d’obtenir plus d’expériences.

Photo des vagues à la surface de la mer, prise sur le pont du Fundy Spray

Crystal part parfois en mer sur le navire de recherche du centre Huntsman, le Fundy Spray, pour récolter des échantillons. (Photo: Crystal Hiltz)

Qu’est-ce qui vous a inspirée à travailler en biologie marine?

La biologie m’a toujours intéressée, sous une forme ou une autre. Je vois du beau et du stupéfiant dans chaque organisme vivant et je veux mieux le comprendre. Tout ça a commencé avec une passion pour les dinosaures, ensuite pour la bioarchéologie, puis les plantes, les plantes marines et maintenant, la taxonomie marine. Mon intérêt a grandi et évolué en même temps que moi. Je crois que j’aurais toujours abouti dans le domaine des sciences de la mer. Je viens de la côte est et l’océan a toujours été présent dans ma vie, alors je ne peux pas imaginer une vie sans lui. Maintenant, je peux travailler à classifier les créatures marines et mieux les comprendre, ce qui me permet de garder un contact rapproché avec quelque chose qui a toujours été une partie très importante de ma vie.